Réadaptation auditive : l’influence de la résilience chez les personnes malentendantes
La résilience, ou encore notre disposition à faire face à des situations de stress intense et à s’y adapter, a récemment été un sujet d’étude par des chercheurs de l’Université du Québec à Trois- Rivières (UQTR) auprès de personnes malentendantes. Il semblerait que cette aptitude devant l’adversité ait un impact dans le processus de réadaptation auditive chez les adultes qui ont développé une perte d’audition.
En effet, une perte d’audition peut représenter un bouleversement du quotidien. Devant cette condition souvent irréversible, la réadaptation auditive personnalisée peut être une manière d’y faire face. La compréhension des facteurs entourant la réaction au stress et à l’adaptation devant une surdité est nécessaire dans le but d’améliorer de façon continue les processus de réadaptation auditive.
Trois facteurs essentiels ayant un impact favorable sur la résilience
Selon les données recueillies auprès des participants, trois principaux facteurs ont été dénotés pour avoir une influence positive sur la capacité d’adaptation au stress :
- La situation de vie (ex. : habiter avec une autre personne) ;
- Les sentiments de contrôle et de compétence au niveau de la communication ;
- Le degré de perte auditive.
1. La situation de vie
Il a été observé que la majorité des participants de l’étude habitait avec une autre personne et que plus de la moitié était membre d’une association en lien avec la surdité.
Vivre avec un autre individu apporte un soutien social. En comparaison à une personne vivant seule, l’appui venant des membres d’un même foyer est directement associé à une plus grande capacité à faire face à un stress et à s’y adapter. Ce support interpersonnel augmenterait également le sentiment d’habileté au niveau de la communication. De plus, le soutien social peut aussi se définir comme un groupe auquel s’identifie la personne malentendante, tel qu’être membre d’une association.
2. Les sentiments de contrôle et de compétence au niveau de la communication
32 des 35 participants sont appareillés (monaural, binaural et/ou implant(s) cochléaire(s)).
Une surdité peut affecter les sentiments de contrôle et de compétence communicationnelle. Une solution auditive telle que l’appareillage et une réadaptation optimales, avec le support des proches, contribuent fortement à retrouver ces sentiments de maîtrise et d’aisance au niveau de leur capacité à bien communiquer.
Cela serait vrai puisqu’entendre à nouveau redonne confiance à la personne malentendante pour comprendre et se mêler aux discussions lors de réunion familiale par exemple.
3. Le degré de perte auditive
Tous les participants de l’étude ont une perte auditive variant entre modérée et profonde.
Il semblerait que plus le niveau de la perte auditive est élevé, plus grande est l’aptitude à faire face au stress et à s’y adapter. En effet, les personnes avec une surdité profonde seraient plus disposées à affronter les changements que peuvent amener une perte auditive et à s’y habituer. Cela s’expliquerait par le potentiel d’améliorer considérablement leur qualité de vie grâce à un appareillage et une réadaptation. Ce serait vrai pour les porteurs d’implants cochléaires plus particulièrement.
Comment ces constats facilitent la réadaptation auditive ?
Les données recueillies mettent de l’avant le besoin de miser sur des interventions prenant en compte l’environnement personnel de la personne malentendante. La réadaptation se doit d’inclure les proches (amis, famille, association, etc.) du patient impliqués directement au niveau des communications. Cela permettra d’optimiser le soutien social, considérant sa grande influence sur la capacité à faire face aux changements qu’apportent une perte auditive et à s’y adapter.
La résilience intervient dans la réadaptation auditive au niveau de la volonté à miser sur les capacités et les forces de la personne malentendante pour lui permettre d’affronter les différents défis qu’elle peut rencontrer. En effet, la réadaptation ne devrait pas seulement se pencher sur les difficultés possibles d’une perte d’audition et/ou d’un appareillage, mais aussi sur le support de l’entourage et l’identité du patient